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President Donald Trump, left, and Secretary of Defense Pete Hegseth listen during an event in the Oval Office of the White House in Washington, Friday, March 21, 2025. (Pool via AP)/DCPU511/25080616330249/POOL IMAGE/2503211811

Fuite d’informations top secrètes : « Il est probable qu’il y ait une taupe à la Maison Blanche », selon André Kaspi

Une affaire rocambolesque. Lundi, le rédacteur en chef du magazine The Atlantic, Jeffrey Goldberg, a révélé avoir reçu, via la messagerie Signal, des informations détaillées sur le plan d'attaque des forces américaines contre les rebelles houthis au Yémen, deux heures avant le début des frappes du 15 mars. Cette fuite comprenait des renseignements précis sur les cibles, les horaires et les types d'armements utilisés. Pour Public Sénat, l’historien et spécialiste de la politique américaine André Kaspi revient sur une affaire qui illustre selon lui les dissensions au sommet de l’administration en matière de politique étrangère.
Steve Jourdin

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Comment une telle fuite est-elle possible ?

Une telle fuite suscite de nombreuses interrogations quant à son origine et à ses implications. En effet, elle confère un avantage à The Atlantic, un média notoirement critique envers Donald Trump. The Atlantic est un magazine hebdomadaire, libéral et critique du président républicain, bien qu’il ne puisse pas être classé parmi les médias de gauche radicale comme l’affirme parfois la Maison Blanche.

Cette situation soulève la question de savoir si cette information a été divulguée intentionnellement par un membre de l’administration Trump, ou s’il s’agit d’une erreur. Il est probable que cette fuite trouve son origine dans des dissensions internes au sein de l’équipe de Trump.

 

Que voulez-vous dire… il y aurait une taupe à la Maison Blanche ?

Cela semble très probable. J.D Vance, le vice-président américain, est clairement opposé aux frappes contre les Houthis. Il considère qu’elles servent principalement les intérêts de l’Europe, notamment en raison du fait que 40 % du commerce maritime qui passe par le détroit concerne l’Union européenne. Selon lui, les États-Unis ne devraient pas être impliqués dans des actions militaires qui profitent davantage aux Européens qu’aux Américains. Cette position reflète une fracture plus large au sein du camp républicain sur la politique étrangère, et plus particulièrement sur les relations avec l’Europe.

 

Il y aurait donc deux lignes au sein de l’administration en matière de politique étrangère ?

Cette fuite est révélatrice à deux niveaux. D’une part, elle met en lumière les profondes divergences au sein de l’équipe de Trump sur les questions de politique internationale, illustrant l’hésitation du président à adopter une ligne claire sur ces sujets. D’autre part, elle expose un dysfonctionnement interne, la divulgation de telles informations étant une preuve d’une brèche de sécurité sérieuse.

 

Peut-on parler d’un scandale d’État ?

Il est sans doute excessif de l’affirmer catégoriquement. Mais il est indéniable que cette fuite traduit un climat de tensions internes, où certains conseillers n’hésitent pas à exprimer leur désaccord en rendant publiques des décisions sensibles. J.D Vance illustre cette fronde interne, lui qui s’est déjà illustré en critiquant l’Europe, notamment en accusant les Allemands et les Britanniques d’avoir une approche hypocrite de la démocratie.

Selon lui, les États-Unis ne devraient plus compter sur l’Europe comme un allié fiable et devraient rompre plus nettement avec elle. Cette position contraste avec celle de Trump, qui adopte une approche plus pragmatique, cherchant un équilibre dans la relation transatlantique.

 

L’opposition démocrate dénonce une « faille de sécurité opérationnelle » majeure. Est-ce que cela aura des répercussions politiques ?

L’impact politique semble pour le moment limité. L’opinion publique américaine ne semble pas particulièrement passionnée par cette affaire, et l’opposition n’a pas encore cherché à en tirer parti de manière significative.

Toutefois, cette fuite met en lumière une dynamique intéressante au sein du parti républicain. J.D Vance se positionne de manière de plus en plus affirmée sur plusieurs sujets clés. Son intervention musclée lors de la rencontre avec Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale témoigne de cette ascension politique. Il ne cache d’ailleurs plus ses ambitions présidentielles pour 2028, bien qu’il soit encore tôt pour le compter parmi les candidats déclarés.

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