« Je m’étonne de ne pas vous avoir entendu publiquement sur ces enjeux sanitaires ! » Au cours des questions au gouvernement ce mercredi 2 juillet, le sénateur socialiste Jean-Claude Tissot s’est étonné que le ministre de la Santé ne prenne pas position contre la proposition de loi visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur », qui a fait l’objet d’un accord entre députés ce lundi (relire notre article).
Le texte controversé, porté par les sénateurs Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (centriste), prévoit d’assouplir les textes qui encadrent l’utilisation de certains pesticides, pour placer la France sur un pied d’égalité avec la réglementation européenne. Il doit permettre la réintroduction d’un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, l’acétamipride.
« Les pesticides tuent ! »
Jean-Claude Tissot, agriculteur de profession, a notamment relayé les appels publiés ces derniers jours de la part de médecins, professionnels de santé, de sociétés savantes, ou encore de chercheurs du CNRS, qui alertent sur les « dangers majeurs pour la santé publique, engendrés par les dispositions du texte ». Les différentes mettent en effet en garde contre les pathologies qui se développent en cas d’exposition à ces pesticides, comme les cancers pédiatriques, les lymphomes ou encore les leucémies. « Une réalité s’impose : les pesticides tuent. Et puisqu’il il faut le marteler, nous le martèlerons : les pesticides tuent », a lancé le parlementaire.
« Le principe de précaution constitutionnel aurait dû imposer une réaction forte, claire, et assumée de votre part. Votre silence est assourdissant, et vous rend responsable des scandales sanitaires à venir. L’amiante ne vous a donc pas suffi, le chlordécone ne vous a pas suffi », s’est exclamé le sénateur de la Loire.
« Laissons les études arriver », réplique le ministre de la Santé
« Naturellement que nous devons être extrêmement attentifs, et je vous réponds : le ministre de la Santé est extrêmement attentif sur l’évolution de ce sujet », a rétorqué Yannick Neuder, indiquant prendre des mesures « qui sont basées sur des preuves ». Sur le sujet de l’acétamipride, des études d’ampleur manquent.
Le ministre de la Santé a par ailleurs rappelé que le caractère d’indépendance de cette agence avait été rétabli en commission mixte paritaire. Auparavant, une mesure d’origine sénatoriale prévoyait d’augmenter l’influence du gouvernement dans le travail de cette autorité sanitaire.
« Les mesures seront prises en temps et en heure, avec la plus grande fermeté, pour protéger la santé des Français. Laissons les études arriver et laissons les recommandations de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) se faire, mettons la France au même de précaution que les autres pays européens. »