French Territory of New Caledonia. Noumea . 22/05/2024
Crédit : Nicolas Job/SIPA

Sommet sur la Nouvelle-Calédonie : le sénateur Georges Naturel espère « un début d’accord qui permettra de relancer l’économie »

Alors que s’ouvre à l’Elysée le « sommet pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie », qui remet loyalistes et indépendantistes autour de la table, le sénateur loyaliste Georges Naturel espère qu’il en sortira « une feuille de route pour les 10-15 ans à venir » pour « reconstruire la Nouvelle-Calédonie, en faisant évoluer les compétences actuelles ».
François Vignal

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Après l’échec des négociations de Deva, en Nouvelle-Calédonie, en mai dernier, tout le monde revient autour de la table. Et c’est cette fois sous l’égide du président de la République, avec Emmanuel Macron, qui va s’exprimer à 15 heures, que les discussions reprennent, avec ce qui ressemble à une reprise en main de l’Elysée, qui ne dit pas son nom.

« Le chemin sera difficile mais il existe », assure le ministre Patrick Mignola

Le format est cette fois nouveau. Outre les loyalistes et les indépendantistes, le chef de l’Etat a invité les représentants du secteur économique et social, un an après les violences de mai 2024, qui ont fait 14 morts et coûté 15 % du PIB de l’île. Ce « sommet pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie » vise « à instaurer un dialogue garant d’un équilibre politique, social et culturel durable, adapté à la réalité calédonienne », a expliqué à l’AFP l’Élysée, qui souhaite « dépasser les logiques d’opposition pour construire un avenir partagé, équilibré et pérenne ».

« Notre ambition est claire : faire émerger un projet d‘accord global autour d’un cadre institutionnel rénové et d’un plan de reconstruction économique et social. Nous n’ignorons pas les divergences mais constatons des volontés de dialogue, des attentes fortes et un sens des responsabilités. Le chemin sera difficile mais il existe », a assuré ce mercredi, lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola. Regardez :

 

« C’est une première »

Le format n’est pas habituel. « C’est une première. Il y a un plus de 50 personnes invitées, avec deux groupes. Un groupe de négociateurs politiques et un groupe société civile/économique, avec aussi les maires » explique le sénateur Georges Naturel, convié à l’événement comme tous les parlementaires du Caillou.

Après la réunion plénière, ce mercredi, à 15 heures – avec donc le Président, mais aussi le président du Sénat, Gérard Larcher, celle de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le ministre des Outre-Mer, Manuel Valls – où Emmanuel Macron va fixer le cadre des discussions, les représentants politiques seront amenés dans un hôtel des Yvelines, à Bougival, « pour commencer les négociations », explique le sénateur du groupe LR. Les discussions sont prévues jusqu’à dimanche, voire plus si besoin.

Trois ateliers sont prévus jeudi, « un sur les finances publiques et les réformes structurelles, un sur le nickel et un dernier sur la relance et la diversification économique », explique Georges Naturel, pendant que les politiques discuteront, eux, à l’hôtel.

« Souveraineté avec la France » : « Manuel Valls n’avait pas l’aval total du Président pour soumettre la proposition, c’est pour ça que ça a créé un problème »

L’objectif de ce sommet est de dépasser l’échec des discussions de Deva. Manuel Valls avait mis sur la table le projet de « souveraineté avec la France », qui va loin. Il inclut une double nationalité et une délégation des compétences régaliennes à la Nouvelle-Calédonie. Salué par les indépendantistes, il a en revanche suscité la colère des non-indépendantistes, les loyalistes. Le chef de l’Etat devrait proposer un nouveau projet.

« Lors de la dernière séquence en Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls n’a peut-être pas bien encadré sa proposition. Il a dû en discuter mais il n’avait pas l’aval total du Président pour la soumettre telle qu’elle. C’est pour ça que ça a créé un problème. C’est pour ça que les discussions de mai ont échoué », explique Georges Naturel, qui ajoute qu’aujourd’hui, « il est clair que l’Elysée veut suivre le dossier, en partenariat avec Manuel Valls ».

« L’idée, c’est d’essayer d’aboutir dimanche à un accord peut-être, du moins une feuille de route »

« Optimiste », Georges Naturel espère que les échanges permettront de sortir de l’impasse. « L’idée, c’est d’essayer d’aboutir dimanche à un accord peut-être, du moins à une feuille de route ou à un compte rendu pour acter des choses », explique-t-il. « Dans son invitation, le Président dit qu’il souhaite que cette séquence soit conclusive, du moins qu’il y ait un début d’accord qui permettra de relancer en particulier l’économie en Nouvelle-Calédonie. On a perdu 15 % du PIB. Du point de vue économique et social, c’est catastrophique. Il y a besoin d’un accord politique pour essayer de relancer la machine économique », soutient le sénateur loyaliste.

Côté indépendantistes, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a rappelé qu’aucun compromis ne pourra être envisagé « en deçà » du socle proposé à Deva. « Vous saurez tout de suite si ça fait long feu ou pas », a glissé mardi Emmanuel Tjibaou, appelant à « inscrire de manière définitive un statut qui prenne en compte les aspirations de ce peuple kanak ».

« Les indépendantistes souhaitent négocier à partir des propositions de Manuel Valls, pour eux, c’est la base. Nous, on n’est pas d’accord »

« Les indépendantistes souhaitent négocier à partir des propositions de Manuel Valls, pour eux, c’est la base. Nous, on n’est pas d’accord. On dit que ce n’est pas aujourd’hui qu’on peut aller dans cette discussion », avance Georges Naturel. Contacté, le sénateur indépendantiste Robert Wienie Xowie (membre du groupe CRCE) n’a pour sa part pas souhaité répondre à nos sollicitations.

Pour Georges Naturel, « la vraie question c’est de savoir ce que veut la France pour la Nouvelle-Calédonie et comment on définit le lien avec la France. Aujourd’hui, une indépendance, ça ne veut rien dire, surtout dans les territoires du Pacifique, quand on voit les liens avec la Chine. Donc la question, c’est comment on construit une interdépendance. Mais on n’a pas la capacité d’être indépendant, de gérer l’armée, la monnaie, les compétences régaliennes. Déjà, on a du mal à gérer les compétences qu’on a récupérées, donc en rajouter, ce sera compliqué », prévient le sénateur loyaliste.

La question économique est essentielle, insiste le sénateur. « Pour retrouver l’équivalent du PIB perdu, il faut entre 5 et 10 ans pour reconstruire l’économie. Les entreprises ont besoin d’un accord politique et la population souffre. Et c’est forcément les petites gens. Donc même les indépendantistes ont la pression de leurs adhérents », avance Georges Naturel.

« Il y aura un sujet sensible, avec la date des élections provinciales et avec quel corps électoral »

L’objectif pourrait donc être de trouver une forme d’accord autour de l’économie. « On verra, mais l’idée, c’est se dire qu’on se donne entre 10 et 15 ans pour reconstruire la Nouvelle-Calédonie, en faisant évoluer les compétences actuelles et on se donne rendez-vous dans 10-15 ans. Et on aura mis en place des réformes, pour financer, car on est sous perfusion de la France. Pour cela, il y a la question de l’impôt local, la répartition de la richesse. La fiscalité n’est pas adaptée », avance Georges Naturel. Il ajoute : « On n’arrivera pas à un accord total, mais peut-être à définir une feuille de route, j’espère, pour les 10-15 ans à venir. Et il y aura un sujet sensible, avec la date des élections provinciales et avec quel corps électoral. C’est ce qui a allumé les tensions l’an dernier », rappelle le sénateur loyaliste, qui a « fait une proposition pour l’ouverture du corps électoral, en évitant de mettre en place une réforme constitutionnelle, grâce à une loi organique, car réunir le Congrès paraît impossible avec la situation ». Pour le sénateur du groupe LR, pour espérer y arriver, « il ne faut pas rester radical, d’un côté comme de l’autre, il faut trouver un équilibre ».

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